Jour 29 – Mercredi 3 Avril 2019
Je quitte le camping, mais pas Picton : la journée débute avec la Tirohanga Track, une randonnée qui est censée mener à un beau point de vue sur la ville et le sound.
Je gare la voiture près du petit port de plaisance puis me dirige vers Newgate Street, d’où la randonnée commence.
Ça grimpe rapidement, en épingles, au milieu d’une forêt. Le chemin n’est vraiment pas large par endroit et ça descend sec de côté… Pour moi qui ai le vertige, et toujours l’impression que je vais perdre mon équilibre sur des chemins comme ça, ces parties demandent un petit effort en plus. Je reste concentrée sur le chemin, en mettant un pied devant l’autre… ça passe.
Au final, je ne croise que deux autres filles pendant la montée, près du sommet. Autant dire que ce n’est pas un endroit bondé de touristes ! Je ne suis finalement accompagnée que par les oiseaux, dont certains ont des chants très spéciaux.
Après une demi-heure de montée, j’arrive au point de vue et wow ! Ça vaut le détour. Alors que je suis en train d’admirer la vue, et de me désaltérer 😉, j’entends un bruit suspect derrière moi, qui vient des broussailles. Qu’est ce qui va bien pouvoir en sortir ? Il n’y a pas d’animaux dangereux en Nouvelle-Zélande donc je ne crains rien, c’est déjà ça… Mais qu’est-ce que c’est que ce drôle… d’oiseau ?
Un monsieur un peu âgé avec un bout de bois en guise de canne arrive quelques minutes plus tard. On se salue, puis il me demande combien de temps je reste en Nouvelle-Zélande, et en sachant que je suis française, il me demande si je travaille au café Le Café à Picton. Euh non. « Ils recherchent toujours du monde, des cuisiniers surtout. » C’est toujours bon à savoir.
Je reste près de vingt minutes à profiter de la vue, avant de me remettre en route pour retourner au parking. Je prends la direction du sud, mais en choisissant de prendre une toute petite route qui a l’air de bien zigzaguer en longeant la côte… Un panneau “attention virages sur les prochains…. 40 km” (!) me le confirme.
Sauf qu’il s’avère que la moitié de cette distance est en fait une route en terre et en graviers. Et c’est du sport ! Pas le temps de garder le volant droit, ça tourne encore et encore !
Je m’arrête à un point de vue, impressionnée non seulement par la couleur de l’eau mais aussi par le bruit du vent : un bruit sourd, comme s’il résonnait entre les collines.
Vers la fin de la route, il commence à pleuvoir. Grrr, je n’aime pas être sur un chemin comme ça quand il pleut. Les conditions sont plus difficiles avec la terre plus boueuse (surtout que mon van est un propulsion). Finalement, je retrouve du macadam. Enfin ! J’avoue être soulagée.
Je suis tellement concentrée sur la route, qui continue de tourner, que je suis prise par surprise quand j’ose enfin lever les yeux : la vallée de Blenheim s’étend devant moi. Des vignes ! Ça me rappelle la maison, du moins ma région, l’Alsace. En plus avec un nom pareil… 😉
Blenheim est connu pour être “the sunniest place in New Zealand”. Il semble que ce soit plutôt vrai : ici il fait grand soleil, et juste derrière moi et les montagnes, il y a de gros nuages noirs.
Je me dirige vers le point de départ de la Mount Vernon Loop Track, pour voir où c’est et à quoi ça ressemble. Je repère l’endroit mais ne m’y aventure pas tout de suite.
Je mange un morceau avant de me diriger au PakN’Save pour les courses et à la station-service, de la marque Z. Je suis étonnée quand un employé me demande si je veux le plein, et si c’est de l’essence. Heureusement qu’il a demandé car non, c’est du diesel… C’est lui qui me fait le plein.
Quand je lui fais part de ma surprise, il m’explique que beaucoup de Néo-Zélandais ont mal aux mains à force de faire le plein donc les stations Z proposent ce service. « Pas besoin de pourboire à l’inverse des USA, ici on est payés pour ça. »
Il est presque 15h quand je suis de retour au début de la randonnée de Mount Vernon. Je prépare mon sac puis c’est parti pour de la montée, non-stop, pendant près d’une heure et demi. Dur, dur. Ça grimpe fort mais je fais de nombreuses pauses pour admirer le paysage (et me reposer aussi, je l’avoue). Et boire un coup ! Le vent souffle fort et le soleil tape.
Dur, dur mais j’ai le droit à une vue incroyable sur la plaine, sur une baie et sur les montagnes. Celles à ma droite me rappellent d’ailleurs les collines écossaises, sans arbres ou presque. Et cette couleur… j’adore !
Il y a plusieurs banc le long du chemin et sur chacun d’entre eux, on peut trouver un petit panneau avec les coordonnées GPS : juste au cas où il y aurait besoin d’appeler les secours et de donner sa position ! J’ai trouvé ça très intelligent et je me dis que c’est dommage que ce ne soit pas plus répandu.
J’arrive enfin au sommet, qui est 422 m d’altitude (okay, c’est pas grand chose…) et offre une vue à 360 degrés des alentours. Autant dire que dans un endroit aussi découvert, le vent s’en donne à cœur joie ! Je ne croise que trois autres personnes pendant toute la randonnée.
Il est environ 18h quand j’arrive au camping de ce soir, à Marfells Beach, un camping dirigé par le DOC ou Department of Conservation. Ce sont des campings à petit prix (généralement 8 ou 13$ suivant l’endroit) avec uniquement des toilettes, de l’eau (non potable) et parfois des douches froides.
C’est un monsieur âgé qui le gère et qui m’accueille. Il semble qu’il y vit à l’année, dans sa propre caravane. Dans sa manière de se déplacer (difficilement et un peu bossu…), il me fait penser à Ferd, un membre américain de notre famille. C’est chou. Il est très gentil et quand il me demande d’où je viens, il ne peut s’empêcher de m’accueillir dans ma langue : « France ? Ah, bonjour ! »
Pas de répit aujourd’hui, à peine installée, je me dirige vers la plage qui est littéralement juste derrière le van, pour le coucher de soleil. Il a le potentiel d’être sympa ce soir.
Je cherche des compositions intéressantes (ah ces fameux bouts de bois sur les plages… ça devient une habitude, un thème récurrent).
Alors que j’avance, je vois quelque chose d’étrange au fin fond : wouah, c’est quoi ça ? Un trait de lumière rouge passe devant la montagne, complètement à l’horizontal. Le soleil est en train de se coucher sur la gauche et les rayons passent juste devant. C’est fantastique, presque irréel ! En tout cas c’est la première fois que je vois quelque chose comme ça. Et je suis seule sur cette plage à profiter de l’instant.
Après cette séance photo, direction le van pour le rituel du soir, dont le repas qui consiste en une bonne viande rouge (méritée après les calories brulées pendant la randonnée !). Vers 23h30, je me lève pour aller aux toilettes. Ben oui, c’est comme ça… 😊 J’ouvre la porte du van, je regarde en l’air et là : oh mon dieu ! 😯 Je suis sans voix, bouche bée, complètement sidérée. J’en ai littéralement le souffle coupé. Le ciel étoilé est à tomber par terre. En réalité, j’en ai même les larmes aux yeux ! Je m’attendais à quelque chose d’impressionnant, mais à ce point ?
Mon réveil est prévu pour 3h30, quand la voie lactée sera du bon côté : vers l’océan. Je croise les doigts pour que le ciel reste aussi clair. Autant dire que je me lève sans aucun problème quatre heures plus tard, impatiente de voir ce que ça donne en photo !
Je me demandais toujours comment les photographes arrivaient à avoir autant de détails et de couleurs dans le cœur de la voie lactée : quelque chose que je n’arrivais jamais à retrouver quand je la photographiais chez nous. Je prends un premier cliché et maintenant je comprends : c’est là, sous mes yeux !
C’est d’une beauté, et d’une clarté, incroyable. Autant de détails… même à l’œil nu ! C’est “un gros truc de malade” ! J’ai déjà été émerveillée par de nombreux paysages depuis mon arrivée, mais cette vision de notre galaxie à l’arrière de mon appareil photo est toujours quelque chose de spécial et une sensation très particulière.
Je me retourne et je suis à nouveau sous le choc : les nuages de Magellan. Ces deux galaxies naines ne sont pas visibles dans l’hémisphère nord, je n’ai donc jamais pu les observer. Je les ai souvent vus en photo mais jamais je n’aurais pensé qu’ils étaient aussi grands dans le ciel et aussi visibles à l’œil nu ! Autant dire que je me souviendrai longtemps de cette nuit, et de cette première séance photo sous les étoiles… qui en laisse présager quelques autres !
I have to say this in English. I am struck with tears at the beauty of the Milky Way and how incredible are your photos. And as you say so well, to see this with the naked eye and to have a clear sky to savor the beauty of the galaxy,
that few people ever see. I am so grateful for your photographs and your travel log. You write extremely well! I get to share some of this marvelous gift you have given yourself. The beauty is just amazing. I hope to share it with Ferd tomorrow.
love, Margaret