Jour 55 – Dimanche 29 Avril 2019
Il n’est pas encore 8h et il fait encore un peu sombre quand je prends la route ce matin. Il pleut, évidemment. Je me trouve dans la partie de la Nouvelle-Zélande qui reçoit le plus de pluie pendant l’année, ce n’est donc pas étonnant. Mais avec un peu de chance, j’aurai peut-être le droit à quelques éclaircies pendant la journée.
Je prends la route tôt pour éviter la « foule », être coincée derrière d’autres voitures ou ne pas pouvoir m’arrêter à des points de vue faute de place.
La route commence par suivre le lac jusqu’à Te Anau Downs, puis rentre un peu plus dans les terres. Pour rejoindre Milford Sound, c’est 120 kilomètres, sans station-essence, ni autre service. Une route sans issue à travers la nature sauvage.
Il y a tellement de nuages que je loupe l’arrêt d’Eglinton Valley parce que je ne vois pas de vallée, mais uniquement des gros nuages, sans vraiment savoir où commencent et où s’arrêtent ces montagnes. Le premier arrêt se fait donc un peu plus loin, à Eglinton River. J’aperçois un peu de neige sur les sommets, pour mon plus grand plaisir ! Il a beau faire sombre, nuageux et humide, je suis rapidement sous le charme de cet endroit.
Alors que je continue la route, un employé de la voirie me fait signe de m’arrêter et vient me dire qu’il y a une partie glissante sur la route. Ils sont en train de s’en occuper et on pourra reprendre la route dans cinq à dix minutes, le temps de dégager la route. Je me rends compte que ce n’est pas la première fois que je vois ces véhicules « Road Inspection » lors de mes trajets. Que ce soit ici ou sur n’importe quelle grande route, ils semblent qu’ils inspectent les routes tous les jours pour s’assurer quelles soient praticables dans de bonnes conditions.
Je fais le choix de passer assez rapidement les premiers points d’intérêts comme Mirror Lake ou le Lac Gunn, afin de monter plus au nord et être plus proche du fjord en lui même. La croisière est à 13h, j’essaye donc de faire en sorte d’être dans les environs à l’heure et je me garde les différents points d’intérêts plus au sud pour le lendemain. Il faudra de toute façon que je redescende par ici pour dormir dans un camping du DOC : le freedom camping est totalement interdit.
Le prochain arrêt se fait donc à Pop’s View Lookout, un autre point de vue. Les sommets sont toujours dans les nuages mais la neige est bien visible et les pentes abruptes des montagnes sont frappantes. Étant donné qu’il pleut, les cascades se multiplient sur ces falaises, il y en a partout où l’on regarde !
Au lieu de continuer sur la route principale, je bifurque vers le nord et plus particulièrement Marian Falls. Au début du sentier, il y a un panneau avec l’inscription « Have you turned your lights off ? » (Avez-vous éteint vos lumières ?). Je suis quasiment certaine que oui, mais c’est qu’ils me mettent le doute ! Mieux vaut faire quelques pas en arrière pour être sûre que de revenir pour trouver sa batterie à plat. Ouf, c’est bon !
La petite randonnée commence par la traversée d’un pont suspendu… le premier que j’emprunte pendant ce voyage. Ça bouge ! J’avoue retenir un peu ma respiration pendant cette première traversée mais finalement ce n’est pas si méchant. Arrivée à la cascade, qui est tout en longueur, le soleil commence à percer !
Le sentier continue jusqu’à Marian Lake qui est considéré comment étant un des plus beaux, mais un panneau indique des endroits abruptes et avec mon vertige, ça ne me dit trop rien. Je n’ai de toute façon pas le temps d’entamer la montée aujourd’hui.
De retour au van, je continue sur cette petite route (en graviers) pendant une dizaine de kilomètres pour attendre Humboldt Falls. Une autre randonnée assez courte nous emmène vers un point de vue sur une cascade, en gros étages, pour une hauteur total de 275 mètres ! Alors que je m’approche, la distinguant à travers les arbres, je vois aussi la rivière en contrebas…. Très bas. Sur le moment je me dis « Faut pas traverser ça hein ? ». Je prie pour qu’il n’y ait pas de pont suspendu. Ouf, pas besoin ! La plateforme du point de vue est finalement assez loin de la cascade.
Alors que je fais le chemin inverse pour retourner sur la route principale, le soleil est de plus en plus présent par endroits et les arcs-en-ciel font leur apparitions. « Oh, mon dieu ! Jesus ! Holy moly ! » : c’est tout ce qui sort de ma bouche alors que je reprends la route principale et conduis à travers cette vallée absolument fantastique qui me mène au célèbre tunnel Homer (1,2 kilomètres de long). C’est juste impressionnant ! Une montagne fait son apparition derrière une autre, comme si elle glissait vers la droite pour se montrer. Il y a des cascades partout, du soleil, des arcs-en-ciel… Je ne sais même plus où regarder !
Puis j’attends devant l’entrée du tunnel Homer; un panneau indique le temps d’attente : plus de six minutes… Car le tunnel est à sens unique. Oh, ce n’est pas que de la pluie qui tombe, mais plutôt de la pluie et neige mêlée ! Alors que des voitures approchent, le panneau indique « Oncoming trafic – Do not enter ». Il dot y avoir des capteurs pour que ce soit aussi précis. Pendant ces quelques minutes, j’ai le temps d’admirer les montagnes, ou plutôt les falaises, autour de moi. Ça me permet de me remettre de mes émotions… avant d’en avoir des nouvelles.
Ah, c’est à notre tour ! Je suis surprise de voir l’état du tunnel : ça n’a rien à voir avec les normes de sécurité de chez nous. Il n’est pas très large, la surface n’est pas en super état et il y a des rigoles de chaque côté. Avec très peu de lumière dans le tunnel, mieux vaut rester bien au milieu ! Et ça descend sec ! C’est impressionnant. Mieux vaut rétrograder, et encore, les freins sont bien utilisés.
Wouah ! Je savais que j’allais encore avoir des émotions par ici… La vue en sortant du tunnel est phénoménale. Heureusement, deux épingles plus loin, il y a un grand parking pour en profiter : la route s’enfonce au milieu de ces murs. Même avec des nuages, cet endroit est fantastique et renferme une atmosphère bien particulière, surtout avec cette météo mouvementée !
Le prochain arrêt est un des plus populaire : The Chasm. Et ça se voit sur le parking, qui est presque rempli : de voitures comme de bus. Une petite balade rapide permet d’accéder à cette cascade aux roches extrêmement lisses. Mais l’autre particularité c’est sa configuration. L’eau s’engouffre comme dans un trou. Je tiens l’iPhone au-dessus de la rambarde pour faire une vidéo et un panorama, mais ça me retourne l’estomac ! J’ai vraiment peur de le faire tomber. Et que dire du bruit ? La force de l’eau qui s’engouffre entre ces roches résonne comme du tonnerre.
Avant de rejoindre le bout de la route, je fais deux derniers petits arrêts, fascinée par ces montagnes qui ressemblent plutôt à des murs, puis près d’un pont pour profiter de la rivière : un photographe tient en équilibre sur un rocher en contrebas… J’ai peur pour lui !
Milford Sound n’est pas une ville : au bout de la route, il n’y a qu’un aéroport (pour les vols touristiques), un Visitor Center, un café, un hôtel et l’embarcadère pour les bateaux… La quasi totalité des « habitants » sont en fait des travailleurs dans le secteur touristique. Je trouve une place sur un des parkings, près du Visitor Center. Il faut ensuite marcher pour aller jusqu’à l’embarcadère.
Depuis le parking je m’offre la première vue sur le célèbre Mitre Peak, la montagne la pus connue de Milford Sound, qui a un tout petit peu de neige à son sommet… Quel endroit extraordinaire ! Et en plus le soleil est maintenant au rendez-vous.
J’ai choisis la compagnie Mitre Peak, et j’ai bien fait ! Le bateau est plus petit que les autres, amarrés à côté. Nous sommes une douzaine à tout casser, quand les autres sont plusieurs dizaines ! Je m’installe dehors, à l’avant. Deux autres filles sont là également mais rentrent à l’intérieur ou vont sur la plateforme du haut : je me retrouve toute seule à l’avant, à profiter de ce qui ressemble fortement à une croisière privée !
Les falaises de Milford Sound ont été creusées par des glaciers et font au moins 1 200 m de haut. Le fjord fait 16 kilomètres de long et à certains endroits, il peut atteindre 400 mètres de profondeur !
Quelle vue incroyable alors on navigue entre ces murs : heureusement qu’il y a d’autres bateaux, ils permettent ainsi de donner une idée de l’envergure du lieu et la hauteur hallucinante de ces parois. Ah et cette neige fraiche sur les sommets !
Alors qu’on entame la croisière, le capitaine fait une annonce de sécurité et demande à tout le monde de bien faire attention à se tenir pour ne pas qu’il y ait d’accident : « We’re a long way from the harbor, and even a longer way from an hospital! We don’t want anyone to get hurt. » (On est loin du port et encore plus loin d’un hôpital). Oui, d’ailleurs, une pensée me traverse l’esprit : il est où l’hôpital le plus proche ?! Il y a un Medical Practice à Te Anau apparement… c’est toujours ça.
Au loin, l’horizon. On arrive à la limite avec la mer de Tasman et ça se sent : ça devient vite beaucoup plus mouvementé. C’est là qu’on fait demi-tour. Alors qu’il est censé tourner encore vers la droite pour revenir vers le fjord, les moteurs se coupent et ils laissent le bateau dériver. Je crois savoir pourquoi : je pense avoir aperçu quelque chose dans l’eau. Un employé arrive à l’avant, accompagné d’autres touristes (j’avais presque oublié que je n’étais pas seule !). Ils nous dit de regarder par dessus bord : plusieurs dauphins s’approchent et se collent juste en-dessous de la proue du bateau.
« Ils attendent qu’on redémarre, ils restent collés là en-dessous et n’ont même pas besoin de nager pour avancer. » Après quelques minutes, on se remet en route, en prenant de plus en plus de vitesse; et eux aussi. Puis de temps en temps, l’un des dauphins se met de côté ou se retourne carrément sur le dos, puis sautent pour revenir à la surface pendant un bref moment. C’est fantastique ! Après plusieurs minutes les yeux rivés sous le bateau, je lève la tête pour regarder devant moi : ah oui, c’est vrai, je suis là… et il y a ça devant moi ! J’avais presque oublié le décor surréaliste qui m’entoure.
C’est absolument magnifique lorsqu’on revient dans le fjord : le soleil est du bon côté (derrière nous) et on s’engouffre entre ces falaises. Il y a un sacré vent mais je reste dehors coûte que coûte : c’est trop beau pour rester enfermée à l’intérieur ! Sur la gauche, des otaries se font dorer la pilule. Au retour, on passe plus près des montagnes du nord du fjord : cette impression de mur est encore renforcée : une sensation difficile à expliquer. C’est incroyable quand on se trouve juste en dessous de ces falaises…
Le bateau s’approche ensuite d’une cascade pour se mettre en-dessous : on a le choix entre rester dehors et se faire tremper ou entrer à l’intérieur. Attendez-moi, je rentre ! 😀 Et heureusement. Ce sont des trombes d’eau qui s’abattent sur l’avant du bateau. Mais je ressors aussi vite après. Alors qu’on se remet en route, un employé vient essuyer les vitres avec une perche pour que le capitaine puisse voir quelque chose !
De retour au van, je reprends la route en sens inverse, avec un tout petit peu plus de ciel bleu au-dessus de moi. Je m’arrête de l’autre côté du tunnel (côté sud), pour profiter des montagnes qui se parent doucement de plus en plus de neige… Le soleil descend, la lumière est incroyable. Je ne me lasse pas de ce paysage grandiose.
Impossible de ne pas s’arrêter à tous les points de vue, pour profiter de la rivière ou de la vue sur les montagnes, alors que le soleil se couche. Après une journée riche en émotions, je finis par rejoindre le camping du DOC de Cascade Creek pour y passer la nuit : il est gigantesque mais la plupart s’arrêtent dès l’entrée et moi aussi. Des agents du DOC passent quelques minutes après mon arrivée pour vérifier le paiement des frais par les campeurs.
Virginie,
Quel voyage!!! et c’est magnifique que vous partager avec nous. C’est comme être avec vous. Merci, merci pour votre bon travail et les photos
magnifiques. C’est vraiment incroyable!.
Je t’aime et ce voyage!