Jour 58 – Mercredi 2 Mai 2019
Je n’ai pas mis de réveil ce matin, mais il n’y en pas vraiment besoin : il y a des coqs sur le parking qui peuvent postuler pour ce job sans problème… J’aurais bien fais la grasse matinée cela dit. Surtout que je ne suis pas pressée : il pleut par averses et je n’ai rien prévu de spécial dans la journée.
Je pends tranquillement mon petit-déjeuner vers 9h, avant d’entamer un peu de nettoyage et une deuxième promenade au pont, après celle de la veille. Je passe ensuite de longues minutes au téléphone avec le frangin, avant de me lettre en route vers 11h30.
Je fais un arrêt à Clifden Caves, où l’on peut trouver des vers luisants. Dans les commentaires sur l’application CamperMate, ils parlent d’une grotte très étroite par endroits. Arrivée à l’entrée, je ne suis pas sereine, surtout que je suis seule : je ne croise que deux autres personnes, à l’entrée de la grotte (mais elles en sortent). Au début, ça va à peu près, puis on doit passer en-dessous d’une roche très basse pour aller de l’autre côté. Si j’éteins la lampe frontale, je suis dans le noir complet, avec le son des gouttelettes qui tombent de temps à autre…
Je continue encore un peu mais j’arrive à un endroit où le passage est effectivement très étroit, tout en descendant. Si je n’avais pas été seule, oui pourquoi pas. Mais là, j’avoue ne pas être rassurée ! Et s’il m’arrive quelque chose ? Personne ne sait que je suis là… Je fais demi-tour, tout en éteignant ma lampe frontale pour avoir encore cette impression étrange du noir absolu. Oh des verts luisants ! Ok, il n’y en a que deux (littéralement, deux points verts) mais c’est déjà cool ! C’est la première fois que j’en vois. Je rallume la lampe et continue de les voir. D’ailleurs, il y en a trois autres un peu plus loin. Oh ben c’est bon alors, mission accomplie !
Thicket Burn Campsite (un espace de camping gratuit), sur la route vers Lake Hauroko, sera mon étape de ce soir. Il n’y a que quelques kilomètres de bitume avant que cela devienne une route en graviers. Je le savais, ce n’est pas une surprise. Mais je déteste toujours autant ces passages avec une épaisse couche de graviers, où il est très facile de glisser ou de rester coincé si je devais m’arrêter. J’essaye de rester dans les traces mais il n’y a qu’une seule voie de tracée, en plein milieu. Ça devient donc un peu sportif et stressant quand je croise de gros camions de chantier…
Arrivée au camping, j’ai encore une bonne partie de l’après-midi de libre. Mais je décide de garder la visite du lac pour demain : je choisis de ne pas y aller aujourd’hui puisqu’il y a plusieurs marches possibles. Je préfère y aller demain en début de journée et avoir tout le temps nécessaire plutôt que de faire un petit peu cet après-midi et de devoir me presser avant que le soleil ne se couche.
Je fais donc une après-midi tranquille (j’y prends goût doucement…). Du repos, ça fait du bien aussi.
Jour 59 – Jeudi 3 Mai 2019
Pas de réveil programmé non plus ce matin, mais je me réveille à 8h. Il ne fait pas aussi froid qu’à Milford Sound mais dehors, l’herbe est recouverte par la gelée matinale. Il n’y a qu’un seul autre van sur ce grand espace. Quand est-ce qu’il est arrivé d’ailleurs ? Je n’ai rien entendu…
Je parcours le reste de la route en graviers vers Hauroko Lake, et c’est encore plus sportif que la veille. L’épaisse couche de graviers laisse place à de la terre humide, presque de la gadoue par endroits. Ça glisse, et ce n’est pas rassurant quand je croise à nouveau l’un de ces gros camions.
Arrivée au bout, il n’y a qu’une seule autre voiture : une jeune dame qui me demande comment se passe le camping. Ici il n’y a pas de réseau et une seule autre personne : on est loin du monde.
Je me tâte pour la randonnée. J’hésite entre la boucle de 40 minutes ou celle écrite comme 4h aller-retour vers un point de vue mais dont les commentaires disent que c’est finalement moins long que ce qui est indiqué…
Je me dis que si j’ai fait toute cette route, autant tester la grande randonnée. Elle commence le long du lac, puis comment à grimper. Les commentaires disaient « steep and rough » (raide et difficile), je confirme ! C’est raide et ce n’est pas un chemin clairement et joliment délimité.
Alors qu’il quitte les bords du lac, il commence par passer au milieu de fougères (trempées, du coup le pantalon l’est aussi mais il sèchera vite). Puis il continue en passant par dessus de nombreuses racines, traverse une mini-rivière, sans parler de la boue par endroits. C’est sportif et délicat. Et je me dis que descendre le sera tout autant !
Finalement, je mets 1h15 pour arriver au premier point de vue… qui se trouve sur la pointe d’une falaise ! Grrr, frustrant, mais j’ai pas fait tout ces efforts pour m’arrêter ici. J’y vais d’abord sans rien, doucement, un pied devant l’autre. Satané vertige ! Puis je retourne, avec l’appareil photo cette fois. Je ne bouge pas, je me parle à moi-même pour rester concentrée et pas faire de mauvais pas. Se retourner pour repartir est finalement le plus stressant…
Je décide de ne pas aller au deuxième point de vue, un peu plus haut, car il faut passer près de la falaise, sur une partie compliquée avec notamment des racines. Je ne suis pas à l’aise, et le deuxième point de vue est peut-être encore plus « difficile d’accès » que le premier en terme de vertige…
Je reprends doucement le chemin en sens inverse et la descente est en effet tout aussi compliquée que la montée. Je m’aide des racines à certains endroits pour éviter de glisser.
Pendant toute la randonnée, je ne croise que le coupe de l’autre van qui a dormi au même camping… et un oiseau : le « fantail ». Il me suit, se pose sur une branche à côté de moi, me coupe la route… J’ai ainsi de la compagnie pendant quelques minutes.
Au final, la descente aura pris quasiment autant de temps que la montée… Arrivée sur la plage du lac, les sandflies sont maintenant de sortie et elles adorent mes mains… Elles vont me suivre jusqu’au van, qui en est recouvert. Je me change aussi vite que possible (le pantalon est dans un sale état !) et j’enfile les baskets, avant de repartir.
Ce soir, je reste à un camping payant à Tuatapere (Last Light Lodge), après avoir fait un saut au petit supermarché du village et au point de vidange. Une bonne douche chaude après la randonnée, quel luxe ! Je serai l’unique van à rester là ce soir, avec l’avantage d’avoir la grande cuisine pour moi toute seule.