Jour 41 – Lundi 15 Avril 2019
Alors que je me réveille doucement, je soulève le rideau pour regarder dehors et savoir si ça vaut la peine que je me lève ou non : il y a beaucoup de nuages bas, ça ne donnera rien de spécial pour le lever du soleil. Je reste donc encore un peu au lit puis prends mon temps pour la routine matinale, dont mon petit-déjeuner. Je reste sur place pendant une grande partie de la matinée, à traiter mes photos tout en profitant d’une vue directe sur le Mt Cook : que demander de plus ?
En fin de matinée, je descends à Twizel, une petite ville à quinze minutes de route. Le centre de la ville est très agréable et il y a tout ce qu’il faut : toilettes, eau, station-service, magasin pour les courses, pharmacie pour l’anti-sandflies, poubelles et douche ! C’est parfait et je peux facilement cocher toutes les tâches que j’ai à faire aujourd’hui, les unes après les autres.
Anecdote intrigante : sur la pompe à la station-service, il faut soulever un levier en ferraille avec inscrit dessus le message « attention diesel ! » pour pouvoir se servir. Ils ont vraiment peur qu’on se trompe.
Je prends mon repas de midi sur le parking de la bibliothèque avant d’y aller pour envoyer les photos de plusieurs journées sur le serveur. La bibliothécaire est au téléphone lorsque j’entre et me fait signe d’aller dans la pièce de droite, c’est là que se trouve l’espace de travail (mais pas de prise pour bancher l’ordinateur…). Elle vient me voir plusieurs minutes après : « Désolée j’étais au téléphone, en attente, et je ne voulais pas raccrocher [laisser passer sa chance si on lui répondait]. But you’re okay, right?” » Oui, tout va bien. 🙂
Je repars en milieu d’après-midi. Je pense d’abord faire le coucher du soleil à Pete’s Lookout mais il y a toujours trop de monde, trop de bruit… Je retourne au camping de la veille mais je me rends compte qu’il est limité à une nuit par mois. Finalement, je retourne sur Mt Cook Road et m’arrête sur un grand espace le long de la route, environ deux kilomètres avant Pete’s Lookout. Ce sera parfait pour y être au petit matin.
Je profite du coucher de soleil en tenant un filé avec les phares des voitures qui passent. C’est rageant : à chaque fois qu’une voiture vient dans le bon sens pour avoir un filé rouge, une autre arrive en sens inverse, ce qui ruine la photo ! Mais j’apprends doucement la patience et ça finit par payer. Après plus de dix minutes, je réussis enfin à en avoir une sans voiture en face !
Jour 42 – Mardi 16 Avril 2019
Réveil programmé, je me lève à 6h15 soit une heure avant le lever du soleil. Je n’ai que deux petits kilomètres à faire pour rejoindre Pete’s Lookout. À ma grande surprise, il n’y a absolument personne ! Je trouve cet endroit plus intéressant pour le lever du soleil que le coucher, car au coucher, toute la partie de la route est à l’ombre. Au lever, les premiers rayons de soleil l’illumineront.
Il fait un froid de canard ! J’ai trois couches de vêtements en bas et six couches (!) en haut, dont le pyjama ! Mais personne ne le sait… ou plutôt : personne ne le savait jusqu’à maintenant. 😀
Le ciel commence doucement à s’éclaircir et le Mt Cook est bien visible, c’est parfait. Je suis toujours seule, il y a un silence absolu qui m’entoure.
Une voiture passe, puis deux… Je tente donc un filé tant qu’il fait encore assez sombre. Un homme dans un pick-up passe sur la route et donne un coup de klaxon, avant de faire un petit coucou de la main. Sympathique !
Arghhh, avec le froid, mon objectif se couvre de buée. Je dois à chaque fois penser à l’essuyer; ce que j’oublie de temps en temps évidemment…
En moins de trois minutes, le sommet est recouvert de nuages ! Le temps change très vite… Heureusement, il se découvre comme par miracle pour les premiers rayons de soleil. Le soleil passe justement au-dessus de l’horizon et le premier plan s’éclaire, comme prévu. Quelle beauté cette montagne ! Sa forme magnifique rappelle cette du Mt Cervin (ou Matterhorn) en Suisse.
Je suis toujours totalement seule. Quel plaisir de pouvoir profiter d’une vue et d’un moment pareil dans un tel calme ! Puis je vois les « fumeroles » sur le lac, comme à Tekapo il y a deux jours. Je descends vers la plage où je sais qu’il y a un bel arbre jaune (grâce à une petite promenade de reconnaissance la veille). Le temps de descendre, le sommet est à nouveau dans les nuages… avant de se découvrir à nouveau en un rien de temps : il joue à cache-cache ce matin ! Pas grave, je suis patiente. Enfin, j’apprends à le devenir…
Je reste de longues minutes près du lac. J’appelle les parents et le frangin en même temps : ils entendent le bruit des oiseaux autour de moi. À part le bruit des oiseaux, d’un petit peu de vent et des clapotis de l’eau, il n’y a rien.
Pourtant en haut, sur le parking, les premiers cars de touristes arrivent. Ça commence à fourmiller là-haut. Après encore quelques clichés, je me remets en route vers le parking. Quel contraste quand j’arrive en haut : le bruit des moteurs, des gens qui parlent ou crient… Il est l’heure de repartir pour moi, et de retourner où j’ai dormi, pour y prendre mon petit-déjeuner dans le calme.
Je fais un arrêt rapide à Twizel en prenant la route vers le sud, puis je bifurque vers Ohau Lake. La route est fantastique ! Une route de campagne (mais en bon état), avec de petites bosses. Elle monte et descend, serpente à droite à gauche. Avec les montagnes au fond (qui semblent arides) et les pick-ups, l’endroit me replonge dans les souvenirs du Nevada.
Je m’arrête près du lac, joli et assez isolé, pour quelques photos. Le village est minuscule et ne semble comporter que des sens-issus. Je repars doucement pour rejoindre à nouveau la route principale, pour continuer mon périple vers le sud.
J’arrive ensuite au Lindis Pass, un col à 971 mètres d’altitude. Je m’arrête sur le parking pour profiter des deux points de vue. Évidemment, des abrutis sont en train de monter sur un flanc de la montagne alors qu’il est indiqué sur un panneau « No walking beyond this point ».
Finalement, je trouve que le plus beau passage est en redescendant le col (sens nord > sud). La route serpente entre les montagnes, et parfois même les falaises. Il est difficile de s’arrêter cela dit. C’est frustrant : il y a de très beaux endroits et les quelques passages qui permettent de s’arrêter sont généralement visibles au denier moment. Ceux qui connaissent la route veulent dépasser… c’est donc impossible de s’arrêter. Et c’est fatiguant ! La route est aussi un vrai cimetière pour les animaux… Ils sont étendus là, les uns après les autres.
Pendant de long kilomètres, la route suit une rivière qui est bordée de chaque côté par des arbres jaunes et vert, alors que les alentours semblent si secs et dépourvus de végétation. Cela me rappelle Capitol Reef ! C’est magnifique.
Je m’arrête au Red Bridge juste avant Luggate : quelque kilomètres avant d’arriver à Wanaka. Il y a un « camping » gratuit ou plutôt un grand parking en terre. Mais c’est le seul free camp officiel dans les environs de Wanaka : autant dire qu’il se remplis vite en fin d’après-midi au point d’être bondé.