Jour 15 – Mercredi 20 Mars 2019
Que dire, si ce n’est que c’est une journée riche en émotions !
Je prends la route assez tôt, direction le nord et la péninsule de Coromandel. Je traverse d’abord de grandes plaines et élevages, tout en me dirigeant vers les montagnes.
Il faut traverser un pont pour arriver sur la péninsule, qui est décoré de statues Maori de part et d’autre, représentant les différentes tribus Maories qui ont peuplé cette partie du pays. Une manière de souhaiter la bienvenue sur la péninsule de Coromandel aux visiteurs !
Je décide de faire tout de suite le plein à Kopu, pour être tranquille, puis je m’arrête à une première plage, à Waikato. Il y a des dizaines, voire facilement plus d’une centaine d’oiseaux, qui semblent être des huitriers. Ils bougent tous en même temps, créant une sorte de vague sur la plage, alors qu’un homme essaye de s’approcher par la droite pour les prendre en photo.
Je commence ensuite à remonter la route 25 qui longe la côte. Littéralement ! Elle passe vraiment à côté de la mer, ils n’ont pas peur de l’érosion et de la montée des eaux ! La route est à couper le souffle : elle monte, descente, à droite, à gauche… J’ai une grosse pensée pour mon frère qui adore ce genre de route, surtout avec sa GT. Il serait aux anges ici. Moi je le suis en tout cas !
Chaque virage laisse apparaître un autre morceau de côte, une plage, une montagne au loin. Je n’en reviens pas ! Et je suis là à rouler tranquillement, en profitant de ces lieux. J’avoue même que j’en ai les larmes aux yeux… Non seulement les paysages sont incroyables, mais j’ai également du mal à réaliser que je suis bien là, en train de faire ce à quoi je pensais depuis des années.
À hauteur de Tapu, je bifurque à droite, sur une petite route qui s’enfonce dans une vallée, avec en réalité l’impression de m’enfoncer dans la jungle ! On change complètement de décor. C’est impressionnant et magnifique à la fois. Rah, ces fameux oignons qui font pleurer… Il doit y en avoir de cachés dans le van !
Puis la route goudronnée se transforme en route de graviers…. Argh ! J’avais oublié ce détail expliqué dans CamperMate, application que j’utilise pour trouver les points d’interêts, campings, et autres lieux utiles.
La route continue de zigzaguer, de monter et descendre. Je n’ai pas du tout l’habitude de ce genre de surface, mais je m’en fiche, je prends mon pied à tester des expériences inédites, aussi anodines soit elles. S’il y a bien une chose que j’apprends ces derniers jours c’est qu’on s’habitue très vite aux nouvelles choses et aux nouvelles circonstances.
Quand je le peux, je laisse passer les locaux et leurs picks-ups, qui semblent bien habitués à cette route ! Mais du coup, ça fait beaucoup d’arrêts et ça fatigue…
Le GPS me dit que je suis arrivée à destination : Square Kauri Tree, mais je ne vois rien, pas de panneaux… Les coordonnées sont peut-être fausses ? Je continue… Sauf que la route en graviers continue pendant vingt kilomètres ! Je décide de faire demi-tour après quelques minutes. Tant pis. Encore faut-il que je trouve un endroit où faire demi-tour avec un engin de cette taille ! Et sans rester coincer dans les graviers. Car mine de rien, mon Mitsubishi est un propulsion, alors graviers et puissance sur les roues arrières, en montée, ce n’est pas terrible !
Un petit coup de stress en croisant les doigts pour que le demi-tour se passe bien puis sur le chemin du retour, je le vois enfin ! Le panneau qui indique le fameux Square Kauri Tree est bien là. Mais il n’est indiqué que dans ce sens, et le début du sentier est très bien caché entre les arbres. Normal donc que je ne l’ai pas vu à l’aller…
Après 187 marches (quelqu’un s’est apparement amusé à les compter !), il se dévoile devant moi. Un Kauri de plus de 1 200 ans dont le tronc a une forme un peu carré; c’est le 15ème plus gros Kauri de la péninsule. Et la vue sur la vallée n’est pas mal non plus ! En contrebas, je peux voir la fameuse route de graviers.
Je reviens vers Tapu, avec un arrêt en bord de mer pour leurs toilettes publiques (toujours aussi nickels et présents partout) et une table de pique-nique flambant neuve.
Puis je reprends la route vers le nord, avec d’innombrables arrêts lorsqu’il y a une place sur le bord de la route. Impossible de ne pas s’arrêter pour profiter, malgré les nuages.
Quelques kilomètres avant Manaia, la route se met à grimper rudement, en quittant la côte pour s’enfoncer dans les terres… et quelles terres ! On se croirait maintenant dans les rizières d’Asie avec des collines qui semblent comporter plusieurs paliers, et il y en a de chaque côté ! Derrière moi, c’est la mer, les îles… On passe d’un paysage à un autre en un clin d’œil, c’est déroutant !
Puis tout en haut, un espace avec un parking et une table de pique-nique sert de point de vue. Je prends mon casse-croûte de midi avec une vue sur ce qui ressemblerait presque à la baie d’Along…
Je me gare plusieurs fois sur le côté pour laisser passer. Après tout, la route est limitée à 100 km/h… Mais comment peut-on rouler à cette vitesse sur une route pareil ? Moi je me « traîne» à 60 km/h (ouais, en fait, pas besoin de guillemets, je me traîne vraiment… !).
Puis je bifurque à nouveau vers l’est, pour attraper une route en graviers (ça devient une habitude !). Direction Waiau Falls, un petite cascade cachée en pleine forêt. Ça fait du bien de se balader, de se dégourdir les jambes et de passer du temps à l’ombre. Car le soleil vient de sortir, et il tape fort ! Des parents s’amusent avec leur petite fille près de la cascade. L’eau doit être bien fraîche quand même…
Puis un peu plus loin, je fais la petite balade qui mène à Waiau Kauri Grove, un lieu où l’on trouve à nouveaux plusieurs arbres Kauri, comme celui vu plus tôt. Àu début du sentier, un appareil est installé pour forcer les visiteurs à laver et désinfecter leurs chaussures afin d’éviter la propagation d’une maladie qui atteint les Kauri.
Je marche quelques minutes avant de me retrouver au milieu de ces arbres gigantesques. C’est une sacrée impression ! Je ne peux pas m’empêcher de hocher la tête. Cette journée ne cesse de me surprendre; avec à chaque fois, des paysages si variés et impressionnants. Le sentier passe par des petits ponts et à travers une forêt tropicale.
En début d’après-midi, j’arrive dans la ville de Coromandel. Je choisis de me garer sur un parking, en face du poste de police et à côté d’une petite rivière : un parking spécialement réservé pour les véhicules autonomes. C’est donc ici que je passerai la nuit.
Je me repose un peu avant de marcher jusqu’à Pa Lookout. Une quarantaine de minutes plus tard, je me retrouve en haut d’une colline qui offre une vue à 360° : d’un côté les montagnes, de l’autre la mer et ses îles.
En retraversant la ville pour rejoindre le parking, je m’arrête au magasin James & Turner (spécialisé dans les accessoires de camping et de jardinage) pour trouver un tuyau afin de remplir le bidon d’eau propre (aux endroits où il n’y a pas de tuyau sur place mais seulement un robinet).
L’employé m’en montre un mais il fait 15 mètres de long… Euh, vous n’auriez pas plus petit ?
Il va voir dans l’arrière-boutique et revient avec un morceau de tuyau qu’il mesure.
– “5m ça irait ?”
– “Parfait !”
– “Vous avez besoin des embouts ?”
Il me montre alors de quoi j’ai besoin, me montre quelle partie doit aller sur le robinet, etc. Du coup, à la caisse, il enlève les cartons et me les fixe directement sur le tuyau.
– “Ce sera plus simple pour vous.”
– “Merci beaucoup !”
– “No worries !”
De retour au van, j’essaye de me reposer à nouveau puis je prépare mes affaires pour aller voir le coucher de soleil depuis le port, à une demi-heure à pied. Oui, je n’arrête pas ! Mais découvrir tous ces nouveaux endroits est excitant.
Sur le chemin, je m’arrête au Coromandel Fish & Chips pour le repas du soir. Miam, le poisson est bien frais ! Par contre leurs frites sont sacrément salées…
En chemin, un vieux pick-up abandonné traîne là, quasiment englouti sous l’eau lors de la marée haute. Au petit port, il n’y a personne et je peux profiter tranquillement alors que le soleil se couche. Je ne suis accompagnée que par les nombreuses mouettes.
De retour au van, je suis entourée de Français ! Un camping-car et trois autres vans. Je lance un “bonsoir” en passant à côté. Puis je reviens demander à la jeune fille garée à côté de moi si elle boit de la bière. Car l’ancien propriétaire du van m’en a laissées deux dans le frigo mais je ne bois pas donc… Je discute un peu, avec elle et les deux compagnons de voyage qui l’accompagne, chacun ayant son van; avant de les laisser pour aller me coucher, car je compte bien me lever pour profiter du lever de soleil.